Carole

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Petite, je voulais m’appeler Carole. Allez savoir pourquoi ! Peut-être parce que ma copine de CP s’appelait ainsi. Carole, un prénom exploitable à l’infini, qui peut s’enticher d’une marque de vêtements ou d’un circuit moto.

Le circuit Carole, justement, parlons-en. Coincé entre l’aéroport CDG et Gonesse, sur la départementale 40. J’ai dû passer devant des centaines de fois sans jamais y faire un stop. Les courses Vroum Vroum, c’est vraiment pas mon truc. Même les dimanches d’un ennui mortel, je n’aurais pas l’idée de me dire « tiens, et si j’allais au Circuit Carole me payer une bonne tranche de vrombissements assourdissants ? ». Ne jamais dire jamais, qu’elle disait Tata Suzon ! Sur la route qui me menait à un anniversaire, mon ami Gui-Gui décide soudain de bifurquer : « on a un peu de temps, si on allait au circuit Carole ! Tu connais pas ? C’est chouette ! ». Ah la bonne blague. Me voici parmi les combinaisons cuir, à dévorer un hot-dog merguez à la buvette du circuit. Ambiance chaleureuse, on n’est pas là pour se prendre le bec, ça discute bécane, technique, mécanique, larges sourires. C’est assez familial et tous âges, y a des bambins qui gambadent, des nanas décontractées qui n’hésitent pas à reluquer un peu du motard, des mémés qui se tiennent bras dessus bras dessous, les aficionados en train de boire un godet. Les pneus des motos sont dorlotés, emmitouflés dans des housses chauffantes pour mieux adhérer sur la piste froide. Les veinards ! Parmi tous ces passionnés du deux-roues, j’aperçois une jeune fille. Chevelure dorée, si menue au milieu de toutes ces combinaisons testostéronées. Une Lara Croft de la bécane qui fume une cigarette et rit à gorge déployée en attendant son tour. Dans quelques minutes, elle aussi attaquera la piste en mettant sa Yam’ sur l’angle.

Je vous présente Coralie, 25 ans, et Arnaud, 33 ans. Elle est acheteuse et vit dans le Val d’Oise, il est chef d’entreprise dans les technologies et habite le 92. Potes depuis 1,5 ans, ils ont fait connaissance via un forum de moto. Ils ne se voient pas en dehors de leur passion, qu’ils partagent sur le circuit Carole. C’est leur troisième cession ensemble. Ce spot est top car ils peuvent rouler gratuitement 3 jours par semaine. Pour eux, la moto, c’est vital, vitesse, montées d’adrénaline, challenge. Coralie roule depuis 2,5 ans. Avec sa Yamaha achetée d’occas’. Son père est motard, il lui a transmis le virus. Elle roule souvent avec lui, quand elle ne fait pas des balades en solo. Arnaud, lui, a toujours aimé rouler. A 18 ans, il a voulu passer son permis mais comme il n’était pas une flèche, il a attendu 10 ans ! Tous les deux débutants, ils se tirent la bourre sur le circuit mais Coralie est toujours devant son acolyte, toujours plus rapide. Ils ne sont jamais tombés. Ils restent prudents, même s’ils sont accrocs. Le trac avant de s’élancer sur le bitume, ils connaissent. Ce qui fait toujours peur à Coralie, ce sont les chutes devant elle, comme aujourd’hui, il faut savoir éviter le motard à terre. Le mélange des niveaux peut aussi être dangereux. Sur le circuit, pas de classement, débutants et pros se disputent la course. Et c’est impressionnant à voir. On a de tout, des fous de vitesse, des motos de compet’, et même un taxi moto ! Coralie et Arnaud font gaffe. Pas question d’abîmer leur moto, ils roulent avec tous les jours. Et bousiller la ligne d’échappement, c’est environ 1500 € de frais, alors…

Rouler ici, c’est partager et décompresser. La concentration balaie tout, le stress et les soucis quotidiens. Coralie l’assure : le soir, c’est courbatures et zénitude.

Arnaud est déjà parti, prêt pour une nouvelle cession. Coralie le rejoint. Ils ont la banane. J’aperçois le taxi moto qui vient de finir son tour, tous pectoraux dehors. Lui aussi a l’air bien tintin. Il y a des camionnettes installées un peu partout et des motards qui bricolent ou se changent à l’intérieur. Les femmes ne sont jamais bien loin pour filer un coup de main ou plaisanter. Le bruit des moteurs est omniprésent. Gui-Gui est dans son élément, comme un coq en pâte. C’est grisant.

Tata Suzon avait raison : ne jamais dire jamais !

C’est à eux

Votre plus beau souvenir en commun ?

Coralie et Arnaud : notre première cession sur la piste.

Et votre pire souvenir ?

Coralie et Arnaud : l’averse en fin de journée. Ça glissait sur la piste, c’était chaud.

Ce que l’un a fait de plus fort pour l’autre ?

Coralie et Arnaud : on se motive mutuellement !

Que ne pourriez-vous pas faire l’un sans l’autre ?

Coralie et Arnaud : rouler.

1 mot pour définir votre relation

Coralie et Arnaud : amicale.

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